A l’ère de l’IA et des solutions techniques décarbonées, le marché des drones monte en flèche. On vous explique dans cet article ses enjeux pour le secteur aéroportuaire.
Drones : une affaire de société
Une technologie de plus en plus répandue
Originellement développés pour l’industrie militaire, les drones se sont démocratisés au fil des années. Ces aéronefs sans équipage ont vu leurs missions évoluer et des levées de fonds exceptionnelles ont été enregistrées pour leur trouver
toujours plus d’applications. Un drone, aussi connu sous les acronymes RPAS (Remotely Piloted Aircraft System) ou UA (Unmanned Aircraft), est un aéronef contrôlé à distance muni, dans la majorité des cas, de moteurs à hélices. Des multinationales
s’intéressent aux drones, comme Amazon ou Cdiscount, pour permettre d’effectuer de la livraison. Dans l’agriculture de précision, on peut s’attendre à voir voler des drones dotés de capteurs pour améliorer les rendements agricoles. Dans le secteur
médical, des drones ambulances pourraient transporter du matériel dans des zones parfois trop reculées pour être desservies par la route (Cf : article sur le Rwanda). Statista établissait en juin 2022 que la part des bénéfices engrangée en Chine par
le marché des drones dépasserait 1,2 milliards de dollars. Ce marché en pleine croissance pose alors de nouvelles questions sur l’aménagement de nos zones urbaines et l’aménagement de nos zones aéroportuaires.
Une législation qui évolue avec le secteur
Depuis 2012 en France et plus largement depuis 2019 en Europe, les vols de drones bénéficient d’un cadre réglementaire visant à offrir les meilleures conditions d’accès à un espace aérien très surveillé. Au début, l’émergence des drones
civils a surpris les législateurs qui n’ont pas pris la mesure de l’importance du secteur. Au fil du temps, les prestataires de service de la navigation aérienne ont adopté un droit de regard sur les vols pour assurer la sécurité de tous les usagers
des espaces aériens. Plus récemment, l’Union Européenne a décidé de la création d’un cadre européen qui permettrait d’envisager un marché commun des drones pour ses Etats membres : l’U-space. « L’U-space désigne la gestion du trafic aérien des aéronefs
sans équipage à bord (UAS), avec un niveau élevé d’automatisation et de numérisation, garantissant une intégration de ces drones dans les espaces aériens qui soit sûre d’un point de vue de la sécurité et de la sûreté, mais également respectueuse de
l’environnement et protectrice de la vie privée », peut-on lire sur le site de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Il s’agit d’utiliser un ensemble de services numériques fournis par l’Etat aux télépilotes. La DGAC met en avant 3 principaux
éléments : des espaces aériens désignés, des services numériques standardisés et des services d’informations communes. Ces éléments clés de l’U-space permettront à partir du 26 janvier 2023, date d’entrée en vigueur du service, de rendre un service
d’identification du réseau, un service de géovigilance, un service d’autorisation de vol et un service d’informations sur la circulation pour les UAS. Vous pourrez suivre l’évolution de ce projet lors des « EU Drone Days », une conférence qui aura
lieu les 29 et 30 Novembre 2022 à Bruxelles.
Aéroports et drones : avenir en construction
Comment préparer le milieu aéroportuaire ?
Aux vues de la diversité des missions que les drones rempliront ces prochaines années, nos aéroports doivent se préparer à pouvoir accueillir ces nouveaux types d’aéronefs sans pilote. A l’aube des taxi-volants et des livraisons en drone,
nos villes risquent aussi de se transformer. Il est important de remarquer que les vols de drones ont été classés en deux catégories : la catégorie ouverte et la catégorie spécifique. Respectivement, il s’agit des vols de loisir à faible risque et
des vols à risques modérés. En fonction du rôle qu’aura un drone, la réglementation qu’on appliquera à son vol sera différente. Les drones, eux-mêmes, sont aussi caractérisés selon différents critères : usage civil ou professionnel, masse, voilure
fixe ou tournante, motorisation, pilotage « en vue » ou « hors vue » (sans ou à l’aide d’une caméra embarquée) et plafond d’évolution. On peut donc imaginer que les dispositifs qu’on mettra en place pour assurer leur exploitation varieront aussi.
De plus, la question du rôle des acteurs privés dans cette exploitation reste en suspens car ce sont eux qui ont des intérêts majoritaires dans le marché des drones. A l’heure actuelle, voyager en avion avec un drone dans sa valise est interdit alors
comment imaginer voir des drones dans nos zones aéroportuaires ? En 2021, une équipe du Genève Aéroport a pu faire voler un drone au-dessus du tarmac de cet aéroport suisse, mais pour quelques minutes de vol il aura fallu une multitude d’autorisations
et d’homologations. Cela illustre, à une petite échelle, les difficultés que rencontreront les constructeurs et les exploitants de drones voulant les faire voler dans des zones aéroportuaires. Cependant, les projets d’aéroports dédiés aux drones émergent.
Les « vertiports » pourraient se multiplier dans les prochaines années, faisant suite à la construction du premier d’entre eux à Coventry (UK).
On peut imaginer différentes missions que rempliraient les UAS au-sein d’un aéroport : aider les passagers dans l’aérogare, assurer une surveillance vidéo… Autant de missions qu’il existe de projets autour du marché des drones. Plusieurs
start-ups se penchent sur le sujet, et notamment Tidav, qui fait partie de l’incubateur de l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile. Tidav a récemment rejoint le GIFAS : « Le besoin d'un moyen de transport aérien léger, capable d'acheminer diverses
charges ou capteurs existe chez de nombreux industriels. Notre technologie apporte une solution robuste, autonome et polyvalente. Nous sommes fiers et honorés de rejoindre le GIFAS pour contribuer à l’innovation de la filière aéronautique », disait
Cédric Lefort, président de Tidav, pour l’occasion. Quelles pourraient être les opportunités de mission pour les drones en milieu aéroportuaire ? On peut imaginer la calibration d’un indicateur de pente d’approche (PAPI), réduire le coût de calibration
d’un système d’atterrissage aux instruments (ILS), inspecter la chaussée, les bâtiments, les avions au sol, lutter contre le péril animalier, assurer un balisage optimal… Autant d’applications sont à notre portée, à votre portée.
Quels risques et quelles menaces ?
Les risques d’accident ne peuvent être négligés peu importe leur cause : défaut de maîtrise, problème technique, actes malveillants… Si on ne peut identifier un drone, comme ça peut être le cas pour des drones volant à très basse altitude,
il sera considéré comme une menace et pourra entraîner une interruption du trafic dans les aéroports. Ce fut le cas en 2015 dans les aéroports de Dubaï et de Manchester dans lesquels des retards et même le déroutement de certains avions ont été causés
par des drones non-identifiés. En Avril 2019, l’Union des Aéroports Français et Francophones Associés avertissait : « les exploitants doivent se préparer à une éventuelle perturbation des opérations due à des vols de drones. » Elle mettait en lumière
de nouveaux enjeux de sécurité liés aux vols de drones dans les milieux aéroportuaires : « évaluer, définir et valider des certifications de détection, de localisation & suivi et de neutralisation », « Définir le risque, les rôles et responsabilités
de chaque acteur », « doter les forces d’intervention des moyens nécessaires ».
C’est aussi en 2019 que l’EASA, agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne, proposait la première version d’un plan d’action Counter-UAS – système de lutte contre les drones. En sa qualité de coordinatrice européenne, l’EASA
fait collaborer les différents Etats membres, en incluant les autorités aériennes nationales et les forces de l’ordre de chaque pays, les opérateurs d’aérodrome, les constructeurs d’aéronef, les prestataires de service de la navigation aérienne, EUROCONTROL
et la Commission Européenne. Le marché du « contre-drone » est donc lui aussi en pleine expansion pour, un jour, avoir la capacité de protéger nos infrastructures d’UAS malveillants.
D’innovation à révolution, les drones ont su faire leur place dans notre environnement. Bientôt, les projets en cours deviendront notre réalité quotidienne. Alors, nos aéroports sont-ils prêts pour accueillir les aéronefs de demain ? ENVOL
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